Lors de leur arrivée au camp des cendrais, les aventuriers ressentirent la tension qui imprégnait chaque recoin du territoire.
Les gardes, méfiants, observaient chaque geste avec suspicion, non pas seulement à cause de leur présence, mais comme si une menace invisible rôdait. Talyana, usant de sa connaissance intime de la tribu, parvint à percer cette méfiance.
En évoquant un souvenir ancien partagé avec l’un des gardes, un jeune garçon espiègle qu’elle avait connu il y a plus de quarante ans, elle réussit à montrer patte blanche et ouvrir la porte du camp au groupe.
Llerusa et ses apprenties
En s’immergeant dans la vie du camp, le groupe découvrit rapidement l’origine des tensions.
La disparition récente de Llerusa, gardienne du savoir et prophétesse des cendrais, avait laissé la tribu en plein désarroi. Cette figure emblématique, conseillère spirituelle du gula-khan, incarnait l’équilibre entre tradition et survie pour ce peuple marginalisé.
Sa mort avait ouvert une lutte de succession entre ses deux apprenties, Llerhise et Nervyna, chacune incarnant une vision radicalement différente de l’avenir.
- Llerhise, attachée aux enseignements de Llerusa, appelait à maintenir les traditions et à attendre l’accomplissement de la prophétie d’Azura, qui promettait la chute du Tribunal. Ses partisans, des conservateurs pour la plupart, espéraient préserver le statu quo en évitant tout conflit.
- Nervyna, au contraire, prônait une approche audacieuse et proactive. Elle exhortait les cendrais à ne plus rester passifs face à leur destin. À ses yeux, les ruptures, loin de menacer leur identité, avaient toujours été le moteur de leur histoire – des chimers aux cendrais. Son discours séduisait les jeunes impatients et les vétérans prêts à agir.
Les aventuriers comprirent vite que cette division n’était pas simplement idéologique : elle déchirait les cendrais de l’intérieur, menaçant leur unité déjà fragile.
L'ombre de Malacath
Mais ce n’était pas tout.
Une question troublante persistait autour de Nervyna : en prônant une rupture avec l’attentisme traditionnel des cendrais et en appelant à l’action, ne risquait-elle pas de trahir la volonté d’Azura, la déesse qu’elle était censée servir en tant que prophétesse ?
Pire encore, un nom surgit dans les murmures : Malacath, le prince des bannis. La tribu cendraise, parias parmi les dunmers, se trouvait dans une position qui le fascinait.
Était-il possible que Nervyna ait trouvé un allié inattendu dans ce prince daedrique ? Si cela était vrai, cela changerait tout : les cendrais pourraient devenir plus qu’une simple nuisance pour les grandes maisons – une menace véritable.
Une situation explosive
Les aventuriers firent alors face à une situation indécise et dangereuse.
La succession de la tribu n’était pas encore tranchée, et chaque camp surveillait l’autre avec une méfiance croissante. Choisir un côté, que ce soit celui de Llerhise ou de Nervyna, risquait de plonger la tribu dans une guerre civile, une étincelle suffisante pour détruire ce fragile équilibre.
C’est dans ce contexte tendu que la demande de la Morag Tong prit une signification plus lourde.
Tant que les cendrais restaient passifs, attendant la prophétie d’Azura, ils ne représentaient qu’un problème mineur pour le Tribunal et les grandes maisons.
Mais si Nervyna réussissait à rallier les cendrais, ou pire, à unir d’autres tribus derrière ses idéaux, la situation deviendrait ingérable.
Ainsi, les aventuriers se trouvaient à un carrefour crucial.
Chaque choix, chaque geste, pouvait redéfinir l’avenir non seulement des cendrais, mais aussi de Vvardenfell tout entier. Le poids de cette décision planait sur eux, aussi lourd que les cendres des volcans qui recouvraient l’île.